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Monotypes - 2019 - 2021

Cette série de monotypes a été réalisée en contrepoint d'une série de peintures à l'huile produites pour l'exposition Fugues au CIAC - Château de Carros en 2022.

Ces pièces donnent à voir des apparitions lentes, des scènes sans sujet, sans motif.

On ne peut ni situer ce qu’on voit, ni le nommer : tout est dans le passage, dans le trouble. On est ici dans un régime de l’image qui relève plus de la sensation que de la représentation. Il n’y a pas de figure, pas de narration, mais une densité presque météorologique — comme si l’on assistait à la condensation d’un espace flou, à la mise en forme d’un climat.

La matérialité de l’huile, ses effets de transparence, de dépôt, d’érosion douce, construisent une peinture de l’entre-deux : entre l’émergence et la disparition, entre le visible et le caché. La lumière semble venir de l’intérieur de la matière.

L'usage du monotype introduit une nuance dans l'acte de peindre : ici, le geste est interrompu par l’impression elle-même, il ne s’agit pas de peindre directement, mais de faire apparaître une trace, une empreinte de geste.

Ces œuvres ne montrent rien, mais font apparaître. Ce que l’on voit est en train de se faire ou de se défaire. Cette peinture n’est pas "abstraite" au sens formel du terme, mais plutôt indéterminée, comme une image qu’on apercevrait à travers un rêve ou un brouillard. Elle demande une lecture lente, flottante, non directive.

Cette atmosphère sans objet, cette présence diffuse crée un paysage mental, un état pictural où les formes s’effacent dans l’humide, le spectral.

En travaillant par monotype, une seule empreinte, issue d’un contact, d’un frottement ou d’un report, c'est un dispositif de perte qui entre en jeu. Le geste sur le support n'est pas intentionnel et le résultat est ce qu'il est : transformation, flou, dérive. Le monotype est une forme de lâcher-prise plastique. Il s’agit d’accueillir ce que la technique rend, non de l’imposer. Ce qui est exposé ici, est une trace non contrôlée, une peinture de la distance entre intention et résultat.

Cette altération produit une matière vibrante, une image qui semble vouloir advenir sans jamais se stabiliser. L’image devient un moment de passage, une frontière sans territoire.

 

Ici rien ne s’origine dans le réel objectivable. Et pourtant, tout est chargé de réalité sensible. Ces œuvres fonctionnent comme des rhizomes atmosphérique : pas de centre, pas de point de départ, mais des zones d’intensité, des nappes, des lignes dissoutes.

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